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2.1.2. Le corrigé

Sujet : De la guerre de Sept Ans aux guerres napoléoniennes

Bataille de Quiberon, 1759.

1) La Guerre de 7 ans (1756-1763) : une guerre limitée ?

>> p. 116-117

doc 1.

Pourquoi l’Angleterre prend-elle le risque de déclarer la guerre à la France de Louis XV ?

Selon le maréchal de Noailles, l’Angleterre est devenue, au milieu du XVIIIe siècle, une grande puissance maritime (ce qu’elle n’était pas dans les siècles précédents). Le projet des Anglais est de s’attaquer à la France pour détruire ses forces maritimes et chasser les Français d’Amérique. Cependant, l’objectif des Anglais n’est pas ponctuel ou local (la situation en Amérique), mais stratégique et global : grâce à la maîtrise des océans, l’Angleterre ambitionne de devenir la 1re puissance en Europe et dans le monde. La guerre, selon le maréchal, est donc inévitable et il appelle le roi Louis XV à s’y préparer (nous sommes alors en 1749, soit 7 ans avant le déclenchement de cette guerre en 1756).

doc2.

En quoi, si l’on prend l’exemple de bataille de Rossbach (Saxe – 1757), cette guerre se présente-t-elle comme un conflit « classique » ?

Sur ce tableau (huile sur toile), on peut observer l’armée du roi Frédéric II de Prusse et celles des Français et des Autrichiens. C’est un conflit interétatique et symétrique : en cela cette bataille s’inscrit dans le cadre de la guerre classique. La bataille se déroule selon les règles établies de l’art de la guerre. Les soldats sont des professionnels, Les fantassins évoluent en rangs serrés, les cavaleries s’affrontent au 1er plan. La bataille, qui dura moins d’une heure et demie, s’apparente à une partie d’échec. Le but n’est pas d’anéantir l’ennemi, mais d’être reconnu vainqueur, ce qui fut le cas pour Frédéric II qui l’emporte contre les 2 armées les plus puissantes du monde. C’est donc pour lui une victoire retentissante.

Franck Ferrand, Au coeur de l’histoire. 6 juillet 2020

docs 3 et 4.

En quoi l’étude de forces en présence et des théâtres d’opération (batailles) nous permet-elle de parler d’un « guerre mondiale » ?

Nous pouvons parler d’une guerre mondiale car les batailles se déroulent sur tous les continents. En Europe : Rossbach (1757), Leuthen (1757), Prague (1757), Lagos (1759). En Amérique : Louisbourg (1758), Plaines d’Abraham (1759), Guadeloupe (1759), Martinique (1762), La Havane (1762). En Afrique : Gorée (1758), Saint-Louis-du-Sénégal (1758). En Asie : Plassey (1757), Gondelour (1758), Madras (1758), Pondichéry (1760-1761). L’étude des forces en présence montre également que les belligérants possèdent des territoires immenses sur ces 4 continents. L’échelle du conflit est donc mondiale.

doc 4.

En quoi, selon Pierre Serna, la guerre de Sept Ans serait-elle déjà conforme à ce que Clausewitz appelle la « guerre absolue » ? (quels arguments avance-t-il?)

Outre sa dimension mondiale, on peut considérer la guerre de Sept Ans comme une « guerre absolue » car c’est « une nouvelle guerre dite à outrance » explique Pierre Serna : « le but n’est pas de mettre l’ennemi en difficulté pour le conduire à la table des négociations. Il est désormais de le détruire (…) : c’est la recherche du démantèlement de l’adversaire dans sa capitulation. » Cette description du conflit reprend les éléments de définition de la « guerre absolue » selon Clausewitz.

2) Les guerres révolutionnaires et napoléoniennes : vers la « guerre absolue ».

>> p. 118-119

doc 5

La bataille de Valmy (1792) : en quoi est-elle un tournant dans l’histoire de la guerre ?

Selon René Girard, la bataille de Valmy ne fut qu’une canonnade. Pourtant, pour lui comme pour Clausewitz, la bataille de Valmy constitue un tournant dans l’histoire de la guerre : elle marque le passage des guerres limitées, dans lesquelles ce sont les principes politiques et militaires qui guident le conflit, à la « guerre absolue », dans laquelle c’est désormais le principe populaire qui domine. Ce bouleversement est lié à la mise en place de la conscription en France pour défendre la « patrie en danger » : « Les citoyens marseillais, venus épauler à Valmy une armée de métier (…) annoncent une nouvelle ère, celle de la mobilisation totale. […] Les guerres napoléoniennes et la “guerre totale” qu’elles inaugurent, où toute la “masse” d’une nation est mobilisée.
René Girard reprend la distinction établie par Clausewitz entre guerre rationnelle et guerre passionnelle : « Ce sont bien les passions qui mènent le monde. […] Or ces passions se sont déchaînées avec les guerres révolutionnaires et napoléoniennes. »

docs 6 et 7

Qu’est-ce qui permet de penser à Napoléon que les valeurs de la révolution française pourraient aussi convenir aux autres peuples d’Europe ? Contre qui ou quoi Napoléon semble-t-il vouloir mener cette « guerre absolue » que théorisera plus tard Clausewitz ?

Napoléon considère que l’aspiration à la liberté et à l’égalité ne concerne pas seulement le peuple français, mais tous les peuples d’Europe (Allemagne, Italie, Espagne). « Ce que désirent avec impatience les peuples (…), c’est que les individus qui ne sont point nobles et qui ont des talents aient un égal droit à votre considération et aux emplois. » On peut rapprocher cette phrase, du premier article de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « Les hommes naissent et demeurent libres égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. » Napoléon donne donc une dimension universelle à cette Déclaration.
Selon lui, il ne s’agit pas de combattre des peuples, mais de s’élever contre l’arbitraire et contre les monarques absolus d’Europe : c’est un combat contre l’absolutisme et pour les Lumières et la raison… Cette vision d’un Napoléon libérateur de l’Europe et porteur des idéaux de la Révolution n’est évidemment pas partagée par tous…

doc 8

Quels éléments de cette carte montrent que les guerres napoléoniennes n’appartiennent plus à la catégorie des guerres « classiques » ?

Des conquêtes territoriales importantes (France des 130 départements), le blocus continental contre l’Angleterre, l’application du Code Civil français en dehors des frontières françaises, des foyers de résistance nationaliste.

doc 9

Espagne sous occupation française : guerre « classique », guerre « absolue » ou guerre « totale » ?

Les guerres napoléoniennes constituent des « guerres absolues » car elles sont caractérisées par une « montée aux extrêmes », visible dans la répression terrible ordonnée par le maréchal Murat suite au soulèvement espagnol du Dos de Mayo. Les auteurs des attaques sont exécutés sommairement, mais en plus des Espagnols peu ou pas impliqués peuvent être sévèrement punis. Les mots que Murat emploie pour désigner ses adversaires (« misérables qui respirent le crime et le délit ») témoignent de la radicalisation du conflit.


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