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« à lire » : Le monde de demain, par Pierre Servent
Le monde de demain – Comprendre les conséquences planétaires de l’onde de choc ukrainienne
Résumé
L’attaque de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, a sonné le retour de la guerre de haute intensité en Europe. Les défis qu’elle soulève dépassent largement ce cadre et la volonté de toute puissance régionale de Vladimir Poutine. Nous assistons au choc de deux visions du monde.
D’un côté, les totalitarismes russe et chinois entendent désoccidentaliser la planète et proposer à tous un modèle qui fait primer la force sur le droit et la purification des esprits sur la libre conscience.
De l’autre, les démocraties solidaires des Ukrainiens ont décidé de sanctionner la Russie, d’armer et de former l’armée de reconquête du président Volodymyr Zelensky.
Le conflit en Ukraine n’est pas encore mondial, mais il est déjà » mondialisé « . Il va immanquablement rebattre les cartes de l’échiquier géopolitique, idéologique et économique international.
Dans cet essai, Pierre Servent, spécialiste des guerres d’hier et d’aujourd’hui, répond aux questions essentielles posées par le cataclysme ukrainien : comment revoir sans attendre notre grammaire géopolitique ? A-t-on raison d’avoir peur des régimes dictatoriaux ? Comment nous réarmer militairement, mentalement et industriellement ? Quelle physionomie aura le monde de demain ?
« à lire » : Comment l’année 1979 a bouleversé l’histoire de l’islam
Comment l’année 1979 a bouleversé l’histoire de l’islam
par Jean-Pierre Filiu
L’année 1979 représente un tournant majeur pour l’histoire de l’islam contemporain,
avec, bien sûr, la révolution iranienne,
mais aussi la paix israélo-égyptienne,
les attaques d’ambassades américaines,
le soulèvement de La Mecque
et l’invasion soviétique de l’Afghanistan.
Le 11 février 1979, la première révolution islamique de l’histoire triomphe en Iran du régime du Shah et de sa prétendue « quatrième armée du monde », après quelques mois d’intenses manifestations. La puissante ambassade d’Israël est occupée et, transformée en « ambassade de Palestine », elle est remise au représentant du chef de l’Organisation de libération de la Palestine, Yasser Arafat (1929-2004), à Téhéran. Dans le monde musulman, toute une génération de militants anti-impérialistes, subjugués par la victoire de l’ayatollah Khomeyni (1902-1989), passe du marxisme le plus intransigeant à l’islamisme le plus radical.
Le 26 mars, le premier ministre israélien, Menahem Begin (1913-1992) et le président égyptien, Anouar El-Sadate (1918-1981), signent, à Washington, un traité de paix âprement négocié sous l’égide du président Jimmy Carter. Israël remporte une triple victoire : symbolique, par la reconnaissance formelle et l’établissement de relations diplomatiques avec l’Egypte, le plus important pays arabe ; stratégique, avec la neutralisation de son plus formidable adversaire ; politique, avec l’éclatement du camp arabe, incapable d’une solidarité active avec la population palestinienne des territoires occupés depuis 1967.
Sadate obtient une considérable aide américaine, qui lui permet de liquider l’héritage de Nasser au profit d’une classe de « nouveaux riches », pro-occidentaux et volontiers islamisants. La restitution du Sinaï, occupé par Israël depuis 1967, est programmée en trois phases, de 1979 à 1982.
Mais l’Égypte est exclue de la Ligue arabe, dont le siège quitte Le Caire pour se transférer à Tunis. Carter, qui n’ambitionnait rien de moins que la réconciliation des « fils d’Abraham », doit se contenter d’une paix partielle, qui sanctuarise Israël, marginalise l’Égypte et conforte partout les « faucons », partisans de la manière forte.
Le 1er avril, la République islamique est proclamée en Iran, au lendemain de son approbation à 98 % par un référendum tenu sans isoloir et avec un seul bulletin de vote. De fait, chacune des composantes politiques a une interprétation différente de cette nouvelle forme de république, sans mesurer à quel point « l’imam Khomeyni » est déterminé à instaurer un pouvoir sans partage.
Le 4 novembre, les « étudiants de la ligne de l’imam » prennent d’assaut l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran, qualifiée de « nid d’espions ». Dans une mise en scène humiliante, ils paradent leurs soixante-six otages américains les yeux bandés. Pour les « khomeynistes », la crise ainsi ouverte permet de faire taire toute dissidence intérieure. Ils imposent ainsi, le mois suivant, une Constitution qui fait de la République islamique un système théocratique (mode de gouvernement dans lequel le pouvoir est censé émaner directement de Dieu).
Le 20 novembre, premier jour du XVe siècle dans le calendrier musulman, un groupe d’insurgés millénaristes s’empare de la Grande Mosquée de La Mecque. Leur chef proclame être le Mahdi (« le bien guidé », nom que les musulmans donnent à celui qui viendra restaurer la religion et la justice), dont l’apparition est censée ouvrir le cycle de la fin des temps. Les autorités saoudiennes imposent le black-out sur ce sacrilège et de folles rumeurs se répandent sur une occupation du lieu le plus sacré de l’islam par l’armée américaine.
Ces rumeurs jettent des milliers de manifestants dans les rues d’Islamabad, au Pakistan, où l’ambassade des États-Unis est saccagée par les émeutiers, le 21 novembre. Deux Américains, dont un marine, sont tués dans l’assaut, et seule l’intervention héliportée de l’armée pakistanaise met un terme aux cinq heures de siège, parvenant à dégager les 140 agents de l’ambassade (diplomates américains et employés locaux).
Le siège de La Mecque se prolonge durant deux semaines. Les insurgés ne cèdent qu’après l’intervention de commandos français du GIGN, qui déversent des gaz incapacitants dans le sanctuaire. Le bilan officiel (127 morts dans les rangs des forces de sécurité et 117 chez les rebelles) est sans doute sous-évalué.
Jamais le royaume saoudien n’a paru aussi vulnérable. Soixante-trois rebelles sont décapités peu après, au cours d’exécutions publiques organisées dans les principales villes du pays. Vingt-deux des suppliciés sont des étrangers arabes, premier signe de l’apparition d’une internationale de la subversion extrémiste.
De son côté, l’Afghanistan est, depuis avril 1978, dirigé par le parti communiste local, le Parti démocratique du peuple afghan (PPDA), avec le soutien de Moscou. L’URSS fournit un soutien militaire important contre les différents soulèvements islamistes (notamment à Hérat), mais ses conseillers politiques doivent surtout apaiser les luttes de factions implacables au sein du PPDA. Elles s’aggravent à l’automne 1979, au point que, le 27 décembre, l’Armée rouge intervient directement pour éviter l’effondrement du régime communiste.
Les commandos soviétiques éliminent le maître de Kaboul, Hafizullah Amin, pour installer à sa place leur homme lige, Babrak Karmal (1929-1996). L’URSS prend le contrôle des grands axes du pays, alors que l’invasion des « infidèles » provoque une levée en masse du djihad insurgé, sous la conduite de commandants charismatiques, tel Massoud (1953-2001).
Les secousses de 1979 laissent des séquelles profondes dans le monde musulman. L’islam politique supplante le nationalisme anti-impérialiste comme force la plus à même de s’opposer aux États-Unis et à Israël. Mais, en Iran, la révolution islamique va, avec la guerre contre l’Irak, durcir sa dimension chiite, aggravant un conflit de nature communautaire au sein de l’islam. L’Égypte, marginalisée par la paix avec Israël, et l’Arabie, déstabilisée par le soulèvement de La Mecque, trouvent dans le djihad antisoviétique en Afghanistan une cause authentiquement « islamique », qui leur permet de faire oublier leurs compromissions avec les États-Unis.
« Rien. » C’est ce que le « signe de Dieu » (traduction littérale d’ayatollah) a répondu au journaliste français qui lui demandait : « Que ressentez-vous ? » lors de son retour triomphal à Téhéran, en février 1979. Cette absence troublante de sensibilité a permis à Ruhollah Khomeyni, né en 1902, d’aller bien au-delà de sa brillante carrière théologique, qui l’avait déjà amené au sommet de la hiérarchie cléricale, avec le titre de « grand ayatollah ».
Opposant déterminé aux options modernisatrices de Reza Chah Pahlavi (1919-1980), il est emprisonné en 1964 pour avoir condamné les privilèges extraterritoriaux accordés par le régime iranien aux milliers de conseillers américains. Brièvement exilé en Turquie, il réside ensuite, de 1965 à 1978, dans la ville sainte chiite de Nadjaf, en Irak. Sa collaboration avec l’ayatollah Bagher Sadr, chef de file de la contestation chiite à la dictature de Saddam Hussein (1937-2006), l’amène à formaliser le concept d’une théocratie placée sous le « gouvernement du juge religieux » (velayat-e faqih).
L’agitation révolutionnaire qui secoue l’Iran trouve en lui sa référence, d’autant plus idéalisée qu’elle est exilée. Saddam Hussein convainc le président Giscard d’Estaing (1926-2020) d’accueillir le très encombrant Khomeyni dans la banlieue de Paris pour quatre mois. C’est dans un avion français que l’ayatollah revient à Téhéran, acclamé par des millions de manifestants.
Le régime du Chah s’écroule peu après et Khomeyni fait approuver par référendum la constitution d’une République islamique. Ce système inédit instaure deux niveaux de pouvoir, les instances élues au suffrage universel étant en fait soumises à l’arbitrage ultime du Guide Khomeyni.
La prise d’otages à l’ambassade des États-Unis et la guerre déclenchée par Saddam Hussein en 1980 alimentent un climat de crise permanente, à la faveur duquel Khomeyni élimine successivement ses alliés libéraux, nationalistes ou communistes, avant de se retourner contre les religieux qui ne lui sont pas inféodés. Car les ayatollahs chiites sont très majoritairement opposés au principe même d’une République islamique : aucun pouvoir ne peut, selon eux, être pleinement légitime avant le retour du douzième imam, le Mahdi, « occulté » depuis un millénaire.
La répression féroce à l’intérieur de l’Iran s’accompagne d’un terrorisme spectaculaire au Liban, mais aussi en France, pour « punir » Paris de son soutien militaire à Bagdad. En 1988, Khomeyni accepte un cessez-le-feu avec l’Irak, qui ne respecte pourtant aucune de ses exigences antérieures.
Le dernier coup d’éclat de l’ayatollah est la fatwa qu’il lance contre Salman Rushdie, l’auteur des Versets sataniques. Décédé en 1989, Khomeyni fait l’objet d’un véritable culte autour du mausolée monumental qui lui fut bâti dans la banlieue sud de Téhéran.
Un Saoudien né en 1957, séduit par l’épopée du djihad, va s’installer au Pakistan et lever des fonds dans le Golfe au profit de cette cause, son prestige croissant étant à la mesure de sa générosité. Son nom est Oussama Ben Laden.
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Cet article a initialement été publié en juin 2015 dans le hors-série du Monde des religions nº 24, « Les 20 dates clés de l’islam ».
Jean-Pierre Filiu (Professeur des universités à Sciences Po)
« à lire » : Israël-Palestine : 20 ans à l’ombre du mur
Long de 712 km, le mur de séparation décidé par Ariel Sharon en 2002 est achevé à 65 %, selon les estimations de l’ONG française Première Urgence. Il avait été imaginé par Israël pour mettre fin aux infiltrations et aux attentats-suicides palestiniens. Si ce type d’attaques a quasiment cessé, l’État hébreu est confronté à d’autres risques sécuritaires, venant des Arabes israéliens et de la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas.
D’un point de vue du droit international, cet édifice sécuritaire est problématique car il n’a pas été construit sur la ligne verte de 1967, encore moins en territoire israélien mais en Cisjordanie occupée. Il a de facto permis ainsi à Israël de récupérer de manière unilatérale environ 10 % de ce territoire palestinien. Au fil des ans, il a amplifié la fragmentation de la Cisjordanie, devenue une « peau de Léopard ». Publicité https://datawrapper.dwcdn.net/Hialc
Plusieurs ONG internationales, comme Amnesty International ou Human Rights Watch (HRW), dénoncent une dynamique d’apartheid. « Le mur est une catastrophe pour les fermiers palestiniens qui ont énormément de difficulté à accéder à leur champs, constate Anthony Dutemple, chef de mission de Première Urgence en Palestine. Pour cela, ils doivent obtenir des permis des autorités israéliennes. »
Le mur n’est pas une frontière politique, mais une barrière qui asphyxie l’économie palestinienne, d’autant plus que la colonisation juive en Cisjordanie occupée prospère. « Ces dernières années, on a vu l’explosion exponentielle du nombre de colonies illégales, poursuit Anthony Dutemple. On évoque le chiffre de plus de 250 colonies, avec aussi beaucoup d’avant-postes qui sont légalisés a posteriori par les autorités israéliennes. »
« Prison à ciel ouvert »
Sur le terrain, la séparation physique entre colons et Palestiniens devient réalité. « Les colons disposent de leurs propres routes, ajoute Anthony Dutemple. Ils ont aussi leur propre système légal, qui ne s’applique pas aux Palestiniens. Toutes les ressources en eau sont accaparées par l’occupation. »
En 2022, « il y a eu un nombre record d’attaques physiques de colons juifs contre des Palestiniens, constate Anthony Dutemple. On sent de plus en plus un climat d’intimidation. »
L’autre territoire palestinien, la bande de Gaza, fait figure de « prison à ciel ouvert », selon expression de HWR. Depuis 2007, Israël impose un blocus à toute la population, évaluée à 2 millions de personnes.
« La plupart des gens, de moins de 30 ans, n’ont jamais quitté le territoire, souligne Abeer al-Masri de HRW. Depuis 2018, le point de passage avec l’Égypte est rouvert périodiquement, cinq jours par semaine. Mais les autorités égyptiennes imposent aussi certaines restrictions. Les bagages sont examinés au travers d’un processus de sécurité très compliqué. Il faut s’enregistrer sur des listes d’attente. Ceux qui en ont les moyens paient pour éviter une longue attente. »
Israël contrôle aussi la mer. Les pêcheurs de Gaza n’ont pas le droit d’aller poser leurs filets au-delà de 12 miles nautiques, alors que les accords prévoyaient 20 miles nautiques. « Cette situation d’enfermement impacte la vie personnelle et professionnelle des gens ainsi que leur équilibre psychologique, constate Abeer al-Masri. Et malgré cela, les jeunes sont avides d’apprendre, certains pourraient étudier à l’étranger mais ils ne peuvent pas voyager. Bref, ils n’ont pas d’avenir. »
Dans la bade de Gaza, tout est compliqué pour les gens : avoir de l’électricité et de l’eau potable, circuler, étudier, etc. C’est un combat quotidien. « Israël accorde des permis de travail aux habitants de Gaza, mais ce n’est pas la solution, explique Abeer al-Masri. C’est de l’aspirine ! La seule chose dont nous avons besoin c’est d’ouvrir Gaza. Israël dit que le blocus c’est pour sa sécurité. Mais il pourrait cibler les interdictions de pénétrer en territoire israélien et non pas punir toute la population. »
Le blocus de Gaza n’a pas réglé le problème sécuritaire d’Israël. Le Hamas, avec l’aide de l’Iran et du Hezbollah libanais, a sophistiqué son armement et notamment ses missiles et roquettes qui ont aujourd’hui une portée de 200 km. La population, elle, survit comme elle peut.
Christian Chesnot
« à lire » : Le Proche-Orient face au soulèvement en Iran
Hantés par le souvenir des « printemps arabes », les dirigeants des pays voisins, pourtant opposés à Téhéran sur de nombreux dossiers, observent le silence devant la colère de la jeunesse iranienne et sa brutale répression.
Éditorial – Le Monde
Soulèvement ou révolution ? Il est encore trop tôt pour savoir ce qu’il adviendra de la vague qui a saisi l’Iran depuis la mort en prison, le 16 septembre, de Mahsa Amini, jeune femme arrêtée pour avoir porté son voile d’une manière jugée inappropriée. Une seule certitude s’impose aujourd’hui. Malgré une répression particulièrement brutale qui se mesure déjà en dizaines de morts, malgré la dénonciation pavlovienne par le Guide de la révolution, Ali Khamenei, d’un complot forcément occidental, forcément ourdi par les États-Unis, la colère ne retombe pas.
La découverte, le 30 septembre, du corps suppliciée d’une autre jeune Iranienne partie manifester, Nika Shakarami, a encore alimenté une indignation qui s’étend à tout le pays. Elle rassemble spontanément les femmes et les hommes dans ce qui est devenu une contestation frontale du carcan social imposé par le régime iranien, sur fond de crise économique attisée par les sanctions internationales, devenue endémique et perçue comme la preuve de l’incompétence de celui-ci. Un mouvement sans tête, sans programme, aussi incertain qu’insaisissable.
Il survient alors qu’il ne reste plus grand-chose de l’un des ressorts historiques de légitimité du régime, le velayat-e faqih, le « gouvernement du docte », soit la primauté du religieux sur le politique. Ce dernier s’est perdu depuis longtemps dans une militarisation opérée par le corps des gardiens de la révolution. La démocrature iranienne a montré ses faiblesses lors de l’élection de 2021, qui a vu la victoire de l’actuel président, Ebrahim Raïssi, sérieusement écornée par une abstention record, signe que le régime ne parle qu’à lui-même. S’ajoute enfin l’épreuve à venir de la succession d’Ali Khamenei, en place depuis plus de trente ans.
« Femmes, vie, liberté ! », un slogan universel
Un bon nombre de pays arabes voisins de la République islamique d’Iran auraient toutes les raisons de se réjouir de cette usure. Il s’agit de ceux qui dénoncent continuellement son influence réelle ou supposée au Proche-Orient. Du soutien aux rebelles houthistes dans un Yémen ravagé par une guerre civile atroce au jeu des milices pro-iraniennes, qui ajoute à l’instabilité de l’Irak, sans oublier la toute-puissance du Hezbollah au Liban, la liste de griefs est longue. Elle ravive la vieille rivalité qui oppose ces pays majoritairement sunnites à l’Iran chiite en matière religieuse, ou encore la bataille du leadership régional qui met aux prises l’Arabie saoudite et l’Iran.
Ces pays observent le silence. Il ne s’agit pas seulement d’une réserve dictée par le respect prudent du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autrui. Une décennie après les « printemps arabes », le soulèvement en cours ne peut en effet que rappeler de mauvais souvenirs aux dirigeants de ces pays voisins. Ces derniers redoutent certainement que le slogan « Femmes, vie, liberté ! », à la portée universelle, ne soit repris par leurs propres populations, pour ne pas parler de cet autre, « Mort au dictateur ! », qui retentit également dans les rues d’Iran depuis le 16 septembre.
Que ces pays aient été déjà le théâtre d’un soulèvement comparable en 2011, comme l’Egypte, ou bien qu’ils y aient alors échappé comme l’Arabie saoudite, ils restent aujourd’hui, voire plus que jamais, soumis au même arbitraire, à la même logique de la matraque et de l’enfermement, au même mépris de la dignité humaine. Voilà pourquoi leurs dirigeants contemplent avec sans doute le même effroi que le régime iranien la flamme qu’une monstruosité a allumée à Téhéran.
Le Monde